Les camarades by Erich Maria Remarque

Les camarades by Erich Maria Remarque

Auteur:Erich Maria Remarque [Remarque, Erich Maria]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782070454679
Éditeur: FOLIO
Publié: 2013-12-31T23:00:00+00:00


Plus tard, j’appris par Jaffé comment cela s’était passé.

Tout de suite après mon appel, Köster avait téléphoné à Lenz de se tenir prêt. Puis il avait pris Karl et était allé avec Lenz à la clinique de Jaffé. L’infirmière de garde supposait que le professeur était allé dîner. Elle indiqua à Köster quelques restaurants où il pourrait peut-être le trouver. Köster fila. Il brûla tous les signaux… il ne se soucia pas des schupos accourus. Il poussait la voiture à travers le trafic, comme un cheval de course. Il trouva le professeur à la quatrième adresse. Jaffé se souvint tout de suite. Il laissa là son dîner et vint immédiatement. Ils se rendirent d’abord chez lui, pour prendre le nécessaire. Ce fut le seul parcours que Köster fit très vite, mais sans rouler à une allure folle. Il ne voulait pas effrayer prématurément le médecin. Durant le trajet, Jaffé demanda où se trouvait Pat. Köster lui nomma un endroit éloigné de quarante kilomètres. Il voulait seulement tenir le professeur

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dans sa voiture. Ensuite, tout irait bien. Tout en garnissant sa trousse, Jaffé expliqua à Lenz ce qu’il fallait téléphoner. Puis il monta près de Köster.

— Est-ce dangereux ? questionna Köster.

— Oui ! dit Jaffé.

À cet instant, Karl se transforma en un blanc fantôme. D’un bond, il prit le départ et fila. Il se frayait un passage, montait sur les trottoirs, passait à contresens dans les rues à sens unique, il cherchait le plus court chemin pour sortir de la ville.

— Êtes-vous fou ? cria le professeur.

Köster fonça obliquement sous le haut pare-chocs d’un autobus, ralentit un instant, puis fit de nouveau hurler le moteur.

— Allez moins vite ! cria le médecin. Vous serez bien avancé si nous avons un accident !

— Nous n’aurons pas d’accident !

— Nous en aurons un avant deux minutes si vous continuez ainsi.

Köster doubla un tram par la gauche.

— Nous n’aurons pas d’accident.

Il parcourait maintenant une longue rue. Il regarda le médecin.

— Je sais fort bien qu’il faut que vous arriviez sain et sauf. Rassurez-vous, je sais conduire.

— Mais pourquoi cette vitesse folle ! Vous ne gagnerez que quelques minutes.

— Non, dit Köster en évitant un camion chargé de pierres. Nous avons encore deux cent quarante kilomètres à faire.

— Quoi ?

— Oui…

Karl se faufila entre une voiture postale et un autobus…

— Je ne voulais pas vous le dire plus tôt !

— Cela n’aurait rien changé ! grogna Jaffé. Mes soins ne sont pas une question de kilomètres. Conduisez-moi à la gare. Nous arriverons plus vite par le train.

— Non !

Köster avait atteint les faubourgs. Le vent lui arrachait les mots de la bouche.

— Me suis déjà renseigné… train part trop tard…

Il regarda encore une fois Jaffé, et le médecin dut

lire quelque chose sur son visage.

— Mon Dieu ! grogna-t-il… Votre amie ?

Köster secoua la tête. Il ne répondit plus. Il arrivait

sur la grand-route. Le moteur tournait maintenant à plein régime. Le médecin se pelotonna derrière l’étroit pare-brise. Köster lui tendit son casque de cuir.

La sirène hurlait sans discontinuer.



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